Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/172

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Il n’avait rien répondu : c’était répondre. Elle avait continué, victorieuse :

— Ne vous exagérez donc pas la gravité de votre entreprise… Ma vengeance restera secrète… vous ne nuirez point à Lorderie, puisqu’il ignorera votre conduite. L’homme trompé souffre surtout de savoir… et il y a tant de maris heureux !… Ce tout petit geste pour lequel on osa de grandes choses, cet acte qui devrait être insignifiant comme tous les actes naturels, mais dont nos mœurs ont fait le crime, l’idéal, la folie, le bonheur ; bref, ce pivot du monde : le Baiser — ne laisse pas plus de traces derrière lui que le vol d’une mouette au ras de l’eau… Songez-y !… Que diable ! Il ne s’agit point de conquérir une vierge… Denise Lorderie sera la même après la faute : loin de pâtir, Jacques y gagnera ; car sa femme deviendra meilleure de n’être plus irréprochable ; son caractère s’adoucira d’humilité… Rien ne sera divulgué : donc, rien n’aura d’importance… C’est le bruit du tonnerre qui nous fait regarder la foudre. Et je vous jure, Fargeau, que cette preuve d’adultère, cette