Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/174

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visite imprévue, avait attendu qu’il parlât, croyant qu’il avait une communication urgente à lui faire. Mais Fargeau la contemplait en silence ; et, tout frémissant encore, il conservait un visage si bouleversé, ses yeux fiévreux gardaient une telle lueur de convoitise, que madame Lorderie, intimidée, s’était demandé : « Qu’a-t-il donc monsieur Fargeau ?… Comme il me regarde drôlement ! »

Elle s’était remémoré instantanément toutes les anecdotes galantes narrées par son mari. Si la conversation littéraire de Jacques la laissait distraite, en revanche elle apportait une attention extrême aux moindres potins qu’il lui contait. Lorderie était flatté qu’on l’écoutât lorsqu’il causait ; de plus, il aimait à s’entretenir de son meilleur ami : ces deux raisons l’entraînaient peu à peu à ne parler que de Maxime Fargeau, quand il était en tête à tête avec sa femme.

Denise subissait le prestige de Don Juan : son honnêteté bourgeoise s’émoustillait au récit des prouesses amoureuses du jeune homme. Les femmes sans histoire adorent les histoires