Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Instinctivement, Lorderie reprenait le tutoiement habituel ; instinctivement aussi, il jetait un coup d’œil vers la porte de son cabinet pour vérifier si elle était bien fermée (le boudoir de Denise se trouvant à côté.) Il poursuivit, d’une voix assourdie :

— Qu’est-ce que tu veux ?… Est-ce au sujet de ton prochain roman, qu’on annonce pour mars ?

— Non. Je désire avoir une conversation avec toi : j’ai quelque chose à te dire… Consens-tu à venir chez moi demain soir, vers dix heures ?

— Certainement. Ce n’est pas moi qui ai cessé de te voir : c’est toi qui m’avais assez vu. Je serais un malotru si je refusais ta proposition : tu possèdes le privilège des capricieuses.

— Seras-tu libre, demain soir ?… Ta femme sortira peut-être ?

— Non. Elle ne sortira pas. Mais ça ne fait rien : j’invoquerai un prétexte… Alors, c’est entendu ?

— C’est entendu.