Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/183

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Lorderie se redressa, tout guilleret : ah ! ah ! elle se lassait de sa solitude, la fière Clarel… Son aventure avec Fargeau n’ayant point abouti, elle éprouvait la nostalgie de l’ancienne liaison : cette invite, de sa part — après une rupture inexplicable — était révélatrice… L’orgueilleuse daignait faire les premiers pas. Jacques se sentait l’esprit joyeux ; ses relations avec Annie Dumesnil avaient été éphémères et manquaient de variété. Un renouveau de désir l’attirait vers Francine. Une autre raison, également : la chanteuse s’était montrée cupide et dispendieuse, elle l’avait endetté. Clarel était une maîtresse plus noble qui n’agitait jamais la question d’argent : elle trafiquait de son cerveau mais ne vendait point son corps. Elle n’avait accepté de lui que de menus bijoux ou des objets d’art. Elle ne réclamait même pas la collaboration qu’il lui obtenait très facilement à l’Écho, et ne l’incitait guère à pousser ses livres… À l’époque où elle avait connu Lorderie, Francine se débrouillait déjà toute seule, sans protection masculine : ambitieuse mais désintéressée, elle se sentait assez forte