Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/198

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me gêne guère devant Thérèse… Elle est peintre : je lui ai déjà posé des études.

Lorderie n’arrivait pas à s’assimiler cette impudeur. Il avait ressenti presque du malaise à la pensée que Francine s’était dévêtue sans honte sous les yeux d’une autre femme ; et bien qu’il ne doutât point de la pureté des relations de Clarel avec l’innocente Thérèse, il était envahi d’un trouble équivoque.

Il avait reproché :

— Tu n’es pas un modèle, saperlipopette !… Tu n’as donc aucune modestie ?

Alors, Francine avait répété l’un de ses paradoxes préférés :

— La femme qui vit de son corps doit le dissimuler soigneusement aux regards ainsi qu’une précieuse énigme : le mystère de notre beauté est sa plus grande valeur. Phryné se couvrait jusqu’aux cheveux pour paraître en public. Puisque je ne tarife point mon corps, que m’importe de le dévoiler ? Je sais que ses proportions sont justes et agréables à l’œil… Je le montre sans confusion. J’estime ta semonce absurde : la pudeur, c’est la plus-value des