Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il crie : « Plus vite… Plus vite, chauffeur ! »

Le misérable, le méchant Fargeau : s’il se doutait du mal qu’il fait à l’être qui lui est si dévoué — et pour quoi ? pour un soubresaut de volupté que lui eût procuré la première venue ! Jacques frissonne : il s’imagine voir Maxime enlaçant sa femme, la grisant de caresses, tandis qu’ils supposent le mari bien loin… L’image lui arrache un cri de rage. Et cette voiture qui a l’air de courir sans avancer d’un mètre !

Maintenant, c’est la gaieté des quartiers illuminés. Les fiacres qui défilent devant les restaurants et les théâtres ; les passants qui traversent bêtement ; les autobus, ces lourdes bêtes massives — arrêtent l’auto de Lorderie qui stoppe à chaque instant, trépidante et grondante.

Un camelot hurlant : « La Presse !… » se plante devant la voiture pour mieux regarder Jacques, qui penche son pauvre visage angoissé par la portière et lance des exclamations d’impatience.

— Te bile pas… Ta bonne amie t’attendra ! gouaille le gavroche, qu’amuse la détresse anonyme de ce bourgeois anxieux.