Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/218

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bablement mon mari à ce banquet… Qu’est-ce que je vais inventer pour me sortir d’embarras ? Je ne peux pas le renvoyer. »

Elle se reprochait sincèrement sa conduite, car une sorte de frayeur vague l’envahissait. Fargeau la regardait avec plus d’attention que les jours précédents ; c’était à cet instant où elle se croyait à son désavantage qu’elle lui paraissait mieux que de coutume : la femme se juge d’après sa robe, mais l’homme la juge d’après son corps.

Denise se trouvait impeccable lorsqu’elle s’était congestionnée à force d’étrangler telle ou telle portion de sa rondelette personne — selon la fantaisie des modes — dans un costume qui déformait son embonpoint, remontant les chairs abdominales jusqu’aux seins et dessinant les contours ballonnés d’une croupe défigurée sous un amas d’étoffes drapées. C’était une élégante : le mot dit tout.

Ce soir, Maxime lui découvrait une grâce insoupçonnée dans ce vieux peignoir d’un mauve passé qui épousait mollement les lignes plus harmonieuses d’un corps débarrassé du