Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/219

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corset. Denise lui rappelait les belles servantes de Franz Hals ; ses membres robustes s’avéraient d’une fermeté appétissante ; et, malgré le défaut d’une poitrine tombante — la poitrine des mères qui ont nourri elles-mêmes leur bébé — l’ensemble qu’offrait Denise avait une espèce de charme comestible.

Madame Lorderie subissait l’examen de Maxime avec un effroi grandissant ; les regards approbateurs de ces yeux gris, vifs et pétillants, causaient à Denise la sensation d’une brûlure intense. Elle éprouvait cet émoi puéril et voluptueux des honnêtes femmes ou des vierges qui se sont placées dans une situation fausse. La présence de Fargeau l’énervait et l’affolait ; elle commençait à perdre la tête. Elle contemplait machinalement les mains du jeune homme — de longues pattes fines et nerveuses, à la peau sèche, aux doigts minces, aux ongles bombés — et sentait que si ces mains l’eussent emprisonnée dans une étreinte dont elle appréhendait les délices coupables, elle n’aurait su résister.

Et soudain, dans un effort consciencieux