Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/24

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Les deux critiques recevaient toute correspondance illicite au bureau de l’Écho National.

Par surcroît de précautions, les maîtresses de Lorderie et de Fargeau avaient la consigne d’adresser, sous double enveloppe, leurs caresses épistolaires à l’ami de leur amant. Ils se repassaient réciproquement la contrebande amoureuse de ces billets doux. Si, par hasard, l’une des femmes légitimes avait trouvé et ouvert quelque lettre parfumée envoyée à son mari, elle n’aurait éprouvé — en déchirant le pli intérieur — que le plaisir d’apprendre l’infortune de la voisine.

Tandis que Jacques parcourait d’un œil négligent le rectangle de papier vélin chevauché d’une écriture nerveuse, Maxime plaisanta :

— Voilà une liaison qui ne date pas d’hier !

— Comment le sais-tu ? s’exclama Lorderie avec surprise.

Jusqu’ici, Fargeau — peu bavard — et Lorderie — peu curieux — s’étaient tu leurs aventures respectives.

— Oh ! c’est très simple, répliqua Maxime.