Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/25

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Au lendemain d’une nouvelle conquête, nous dévorons sa lettre d’amour, tout émus d’ardeur passionnée : c’est notre bulletin de victoire. Après une semaine, nous pensons, avant de l’ouvrir : « Diable ! Il va falloir encore répondre ! » Au bout du mois, nous maugréons : « Non ! Elle abuse… » Et la précieuse lettre d’amour, le bulletin de victoire du début nous produit l’impression d’un papier d’affaires ennuyeux, d’une espèce de quittance de loyer dont le propriétaire nous aurait forcés à prolonger le bail…

Maxime conclut :

— Eh bien, mon cher, à ta façon nonchalante de déchiffrer ce griffonnage, je présume que tu en es à la période où l’on souhaite de donner congé.

— Hélas ! gémit Lorderie. Ça dure depuis deux ans.

Il ajouta, toisant Fargeau avec une envie admirative :

— C’est toi qui ne commettrais pas de ces sottises ! Beau et volage, tu ignores les déceptions de la trahison, le dégoût des