Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/241

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une créature quelconque qui ne jouit point d’une séduction rare. Mais qu’importe ! C’est celle qui était destinée à transformer mon caprice en un amour obstiné, l’unique maîtresse capable de me retenir ; et l’on voit tous les jours des hommes s’affoler pour une petite femme très ordinaire que bien d’autres ne regardent même point. Or, tandis que je me laissais aller à ma passion, Clarel tendait ses filets, m’amenait sournoisement au point qu’elle visait. Elle m’avait dissimulé longtemps son arrière-pensée : elle feignait à ton égard une tendresse qui m’exaspérait… Ah ! Lorderie, si je t’ai évité alors, c’est que tu m’inspirais une jalousie féroce ; je te détestais d’être aimé d’elle. Je passe sous silence les alternatives d’espérances et de déceptions auxquelles me soumettait cette coquette. Bref, sache que j’étais à moitié fou le jour où elle accepta de se donner à moi contre une condition inimaginable.

Fargeau murmura, en détournant la tête :

— Francine avait décidé — c’étaient là ses représailles — que tu serais trompé, légitime-