Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/244

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Lorderie avait écouté l’étrange confidence de Fargeau d’un air abasourdi ; la stupeur l’avait empêché d’interrompre. Après un temps, il finit par s’écrier :

— Eh bien !… je l’ai échappé belle.

Il constata sans colère :

— Tu es d’une amoralité stupéfiante, Maxime. Tu viens de me raconter tout naturellement que, depuis deux semaines, tu ne songes qu’à me tromper ; et tu sembles avoir perdu la notion de tes actes. Je ne t’en veux pas… Il ne s’est rien passé : en amour, on pardonne tout, hors le geste physique.

» Mais qu’as-tu fait de ton énergie, mon pauvre ami ?… Tu t’es laissé dévoyer au point de tenter de me nuire, sans réfléchir au remords que tu aurais enduré après coup ?… Tu aurais souffert de mes propres maux. Voyons, Fargeau, il était insensé de t’acharner à séduire Francine du moment qu’elle se butait dans son idée… Comment as-tu pu concevoir une minute ?… Décidément, c’est contagieux la folie : elle t’avait communiqué la sienne. Que diable ! À ta place, j’aurais rempli mon