Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un exemple : jadis, il était rare que l’on nous communiquât une appréciation flatteuse concernant notre collaboration… Eh bien ! depuis une semaine, je n’entends parler que du talent de Maxime Fargeau. C’est étonnant ce que les confrères disent du bien de toi — maintenant que l’on nous croit fâchés ! Bonnes rosses… Jusqu’au directeur de l’Écho (c’est pourtant le cousin de ma femme, mais les parents sont nos envieux naturels) qui m’insinue perfidement : « Vous ne redoutez pas, mon cher Lorderie, si vous abandonnez mon journal pour vous séparer de Fargeau, qu’il ne s’établisse des comparaisons entre vos mérites et que chacun de vous soit considéré, tour à tour, comme « celui des deux qui écrivait mieux que l’autre » ?

Lorderie, s’avisant du mutisme de Fargeau, insista :

— Ça ne t’amuse pas de songer qu’on me chante tes louanges en pensant me blesser ?

Maxime, qui avait l’air soucieux, finit par répondre gravement :

— J’estime que l’aventure où t’entraîne ton