Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle murmura :

— Vous avez exécuté… tout ?… Tout ce que je demandais ?

— Oui.

— Et… Lui… vous a surpris ?

Fargeau la regarda durement. Il pensa : « Dire que si c’était arrivé pour de bon, elle prendrait cela aussi tranquillement. » À l’instant même, Francine, s’abandonnant à un accès de joie âpre, eut un élan vers lui :

— Maxime, vous m’en voulez… Vous avez raison. J’ai agi sans loyauté… Je vous avais promis que Lorderie ignorerait son infortune… Mon pauvre don Juan : n’avez-vous donc tenu dans vos bras que des poupées bourrées de son, pour connaître aussi peu les femmes après en avoir tant aimé ? Moi : me contenter d’une vengeance silencieuse ! Mais je hais cet homme, et j’entends qu’il souffre dans son orgueil de mari ce que j’ai souffert dans ma fierté d’amante. Je vous ai trompé… parce qu’il fallait pourtant vous décider ! Oui : j’ai prévenu Jacques ; c’était perfide… mais si tentant ! Vous avez deviné que c’était moi qui vous trahissais,