Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/27

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quelle est l’amante idéale qui ne me répétera pas, pendant les effusions d’usage : « Ah ! mon chéri, comme tu es beau !

— Cependant, il y a peu d’hommes à qui on puisse dire pareille chose en telle occurrence, susurra Lorderie.

— L’autre jour, continuait Maxime, au cours d’un article, je vante le talent de Thérèse Robert, la femme peintre qui expose au Salon d’Automne… mademoiselle Robert vient me remercier au journal : crac ! à peine m’a-t-elle vu, qu’elle m’offre — que dis-je — qu’elle exige de faire mon portrait… M’agace-t-elle aussi, celle-là, avec ses éloges d’artiste qui détaille un homme comme un paysage et vous lance l’épithète louangeuse à bout portant, sans ménagement, d’une belle voix tranquille de femme asexuée par sa profession…

— Est-elle jolie ?

— Une horreur, mon cher… Une pauvre vieille fille disgraciée (elle n’a que trente ans, mais elle en paraît quarante,) des yeux ternes, des cheveux rares ; un visage boursouflé d’acné et de cicatrices de variole ; le nez camus, les