Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/272

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— Maxime… Notre nuit à nous sera splendide : vous n’avez jamais connu l’amour. J’ai mes travers et mes tares, on peut me détester justement ; mais je possède au bout des doigts, sur les lèvres, à fleur d’épiderme, je ne sais quel instinct du plaisir qui charme celui qui reçoit mes caresses. Si j’ai lassé Jacques Lorderie, c’est que j’étais lasse de lui — à négliger même de lui plaire : mon affection seule lui restait. Mais dès que j’ai souhaité le reprendre, il est venu à mon appel… Alors… pour mériter une nuit d’amour comme jamais il n’y en eut dans votre vie, il faut que vous fassiez le sacrifice de vos fiertés, de votre égoïsme, de votre puissance et de votre beauté même… que vous forciez peut-être la nature à l’aide d’artifices… afin de payer au divin Éros une sorte de rançon de volupté, en aimant charitablement la plus laide avant de posséder la plus désirable.

Elle poursuivit, à voix basse :

— Vous êtes adoré d’une créature de douceur et de bonté qui vaut mieux que nous, car c’est une âme simple. Son cœur vous a voué une immense tendresse désintéressée qu’aucune