Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

absorbait toutes ses pensées, au sort duquel elle s’intéressait passionnément. Il venait de dire : « Francine » tout court, sur un ton familier. Thérèse songea : « Serait-il déjà son amant ! » Elle se rappelait l’accueil fébrile de Clarel, la veille, et grillait de savoir si le jeune homme avait obtenu enfin ce qu’elle lui souhaitait très ingénument, en amie résignée et dévouée. Le hasard servait sa curiosité. Comment aurait-elle eu le courage de prononcer un mot ou de faire le geste, pour raccrocher ?… Elle avait à peine eu le temps de réfléchir, que la voix de Fargeau continuait :

— Quand je subis l’influence de vos regards, je ne peux plus exprimer ma volonté. Écoutez-moi bien, Francine : voici ce que je veux vous dire… Vous m’avez demandé une chose inadmissible et je vous adjure de revenir sur votre décision. Je suis prêt à tout pour gagner le bonheur que vous m’avez promis ; mais, je n’ose penser que — sérieusement — vous m’avez imposé de faire croire à votre amie Thérèse que je l’aime, afin de mériter que vous m’aimiez à votre tour ; je ne dois pas tromper