Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/283

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Atterrée, suffoquée, elle laissa tomber lourdement ses coudes sur la table, et ses paumes tremblantes s’appuyèrent contre ses joues. Sa physionomie avait pris soudain l’expression stupide de quelqu’un qui vient de recevoir un coup de poing et que le choc abrutit douloureusement. Qu’est-ce qui lui arrivait ?… Elle était une humble créature effacée, douce, modeste : une de celles qui mènent une existence de second plan, à l’abri des feux de la rampe et des éclats du drame… Qu’était-ce que cet éclair qui l’avait foudroyée, tout à coup, dans sa pénombre ? Elle comprenait à peine… pourquoi lui faisait-on du mal ?… elle ne gênait personne… À quel mobile misérable Francine avait-elle obéi en froissant sa pudeur, en divulguant le secret surpris ? Thérèse sentait tout son être se rétracter et la névralgie sillonner son cerveau, à la pensée que Maxime savait. Ainsi, Clarel, cette Clarel qu’elle admirait si tendrement, l’avait lâchement bafouée, l’imposant à son amoureux comme une pénitence profane précédant la récompense désirée ! Quels caprices sadiques singularisaient les