Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/289

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du départ lui était apparue comme un moyen de salut. Elle ne pouvait supporter l’odieux voisinage de Francine, dorénavant ; eh bien ! elle s’en irait… très loin… dans un pays où il y aurait du soleil, des fleurs. Elle y peindrait… La portraitiste s’efforcerait de devenir paysagiste… Et elle oublierait peu à peu Francine, Paris, tout le monde… peut-être même Fargeau. Elle avait décidé de prendre d’abord le chemin de fer, jusqu’à Marseille. Là, s’embarquerait-elle sur l’un des paquebots qui nagent vers des contrées bleues ou continuerait-elle de suivre la Riviera ? Elle ne savait. Ce qu’elle voulait, c’était fuir, fuir tout de suite. Ses paquets terminés tant bien que mal, elle avait longuement réfléchi ; et puis, elle s’était installée à son secrétaire ; elle avait écrit.

Le matin, en descendant, la femme de chambre et la cuisinière, ébahies, avaient trouvé leur maîtresse au milieu de ses bagages, prête à partir. Les domestiques qui servent des artistes, quoique très fiers de lire le nom de leur patron dans le journal, gardent toujours la conviction qu’ils travaillent chez