Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/291

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son esprit tourmenté. Ensuite, elle s’assit au buffet, commanda du café noir. Elle but lentement ; devant elle, des gens passaient, avec cette allure affolée qui, sur les quais des gares, ferait reconnaître, entre mille, le voyageur français. Une femme, au timbre aigu, criait en leit-motiv : « Ernest, où sont tes tickets ?… Ernest, où sont tes tickets ? » À un coup de sifflet, une grosse dame se mit à galoper éperdument vers une direction imprécise. Un petit garçon qui promenait une voiture de journaux s’arrêta vis-à-vis de Thérèse, qui lui demanda le Journal et le Figaro. Tandis que l’enfant se fouillait pour lui rendre la monnaie, elle aperçut, parmi les livres de la bibliothèque ambulante, l’un des romans de Francine Clarel. Elle eut un geste d’énervement… Ah ! l’ennui de connaître ceux qui ont pris pour métier de répandre leur personnalité urbi et orbi… Ce nom allait la poursuivre partout. D’ici huit jours, elle le retrouverait dans les gares, sur la Riviera, à l’étranger, s’étalant sur le bouquin que les libraires exposeraient à qui mieux mieux, avec sa bande raccrocheuse