Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/30

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blesses des sens. Me voilà accolé à une femme qui m’impose son énergie, me répète à tout propos — et surtout hors de propos : « Tu n’es qu’un jouisseur, tu n’arriveras jamais. » Car elle me reproche d’être satisfait de mon sort : « On doit toujours monter plus haut. » Si elle n’était de pure race aryenne — puisque artiste — je croirais qu’elle a du sang juif dans les veines… Son intelligence est grecque ou latine, mais son caractère est fils d’Israël… Elle m’accable de critiques acerbes. Sur l’oreiller même, sa manie professionnelle la poursuit : entre deux baisers, elle me rappelle à mon devoir d’écrivain, m’excite à travailler plus consciencieusement, à produire moins hâtivement… Par moment, il me semble que je couche avec mon éditeur !

Jacques termina, à bout de souffle :

— Elle me récompense mal de lui avoir obtenu une collaboration régulière à l’Écho National !

Maxime, qui l’écoutait avec une attention soutenue, dit :

— Elle collabore au journal ?… Mais il n’y