Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/305

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— Oui… je sais. Venez.

Sans préliminaires hypocrites, elle le conduisait dans sa chambre. Maxime, d’un geste presque enfantin, effleura les mains, les bras de Clarel ; lui palpa légèrement les épaules, les cheveux. La jeune femme s’étonna, sous l’innocente et bizarre caresse :

— Qu’est-ce qui vous prend, Fargeau ? Vous ressemblez à un aveugle qui cherche à voir avec ses doigts.

Maxime dit doucement :

— Il faut que je sente mon bonheur bien tangible… J’ai peur que vous ne soyez qu’une illusion de mes sens, une apparence trompeuse qui peut se volatiliser subitement. Est-ce bien vrai que vous êtes à moi ?

— Plus que vous ne pensez.

Elle lui offrait ses lèvres. Il contempla un instant, avec une jouissance intense, le pâle et voluptueux visage de Francine ; ses yeux noyés de langueur sous les longues paupières sombres ; et sa bouche entr’ouverte qui laissait apparaître la pourpre langue humide entre l’émail des dents luisantes.