Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que m’inspire la passion… Ah ! je vous avais promis une nuit libertine, je devais payer ma dette en jeux sensuels… Fargeau, tâchez de m’entraîner plus loin. Ce soir, j’ai la velléité de revenir une simple créature confiante…

Maxime les connaissait bien, ces ferveurs sentimentales qui précèdent le désir : chez une femme comme Clarel, elles auraient la durée de l’étincelle qui jaillit du silex. Il se hâta de l’emporter vers l’alcôve.

Il jouit d’autant plus de sa récompense qu’il savait l’obtenir en fraude : il avait l’impression de voler quelque chose ; notre plaisir est décuplé s’il s’assaisonne d’un condiment pervers. Et puis, Francine avait à cœur de dépasser ses paroles : elle se révélait telle qu’elle s’était dépeinte. Bienheureux les hommes qui tiennent dans leurs bras une femme indifférente et zélée : trop souvent, une maîtresse réellement éprise se trouve paralysée par son émotion même…

Cette nuit-là, Clarel eut l’agréable surprise de découvrir chez Maxime un de ces amants délicats et rares qui savent aimer en silence.