Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/320

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Elle le dévisagea : c’était un petit bourgeois rondelet, d’une cinquantaine d’années ; il paraissait tout glorieux de l’œillet blanc qui fleurissait à sa boutonnière, des guêtres qui ornaient ses pieds, et il se rengorgeait d’avoir osé aborder une femme ; ses yeux minuscules, au regard égrillard, et son gros nez, crevé de narines trop rondes, faisaient de sa face un groin de porc.

Francine pouffa, malgré elle : le galantin avait une tournure si cocasse. Elle questionna gouailleuse :

— Ah çà ! mon bonhomme… Seriez-vous fabricant de seccotine, par hasard ?

L’autre ne comprit point. Enchanté qu’elle lui eût répondu, ravi d’être traité avec familiarité, il répliqua ingénument :

— Non, je suis dans les pierres précieuses… Je représente une maison de taille de diamants.

La voyant rire, il insista :

— Dites… où allez-vous ?

— Au Café Sicilien.

— C’est tout près… Me permettez-vous de vous accompagner ?