Perrault me l’a nommé avant hier ; Lorderie m’en parle depuis deux ans…
Elle acheva, s’adressant à Maxime avec une bonne grâce inattendue :
— Et il y a six ans que je suis votre amie, monsieur.
Fargeau, très étonné, interrogea :
— Comment, six ans ?
— Oui, à peu près… C’est à cette époque-là que j’ai lu pour la première fois un roman de vous : Fillette… J’avais dix-neuf ans, l’âge même de l’héroïne… Et je fus tout à fait emballée par cette histoire d’une gamine naïve et précoce, sentimentale et sceptique, chaste et curieuse — oie blanche qui veut se parer des plumes d’une autre sorte d’oiselle — en qui vous avez si exactement campé le type de la jeune fille du vingtième siècle. Du coup, j’ai voué une grande estime à l’auteur ; vous possédez ainsi un tas d’amis anonymes, monsieur.
Maxime Fargeau s’inclina, visiblement touché : Fillette c’était son roman de début, l’œuvre du jeune inconnu que nul n’a signalée. Or, on flatte beaucoup plus un écrivain en lui vantant