utilité, méconnue durant notre prime jeunesse. Alors, nous la revêtons à la façon de ces combinaisons de dentelle qui dissimulent notre nudité, juste de quoi la rendre plus suggestive : le manteau troué de la vertu nous sert de chemise transparente. C’est l’accessoire qui donne à l’homme l’illusion de nous avoir fait perdre quelque chose ; car la femme tire parti de sa vertu, de même que de son innocence : lorsque l’une et l’autre n’existent plus qu’à l’état de souvenir. La vertu, tout court, serait une chose sublime : mais la vertu féminine n’est qu’une forme de l’hypocrisie. Nous ne nous résignons à la rétablir dans son rôle normal qu’à l’apparition de nos premières rides. À cette époque, elle remplace le fard, le rouge, les pommades inutiles… Et la vertu devient le grain de beauté de notre vieillesse. Quand nous sommes jeunes : attraits piquants d’une fausse austérité ; quand nous sommes mûres : grimaces bien pensantes… En somme… notre vertu : c’est l’art d’accommoder les gestes.
— Signé : Francine Clarel ! applaudit Fargeau. Bravo, mademoiselle !… Vous parlez