Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/53

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comme vous écrivez… Et je serais heureux d’écrire comme vous parlez…

— Holà, flagorneur ! Ce madrigal n’est pas de l’homme de lettres : don Juan trahit Maxime Fargeau.

— N’avez-vous jamais reçu les éloges d’un confrère ?

— Si, mais la plupart du temps ses yeux seuls pensaient ce que disaient ses lèvres, répliqua Francine avec un rire de jolie fille.

Thérèse Robert intervint pour déclarer, d’un air réfléchi :

— L’homme admet que nous ayons son talent et sa profession lorsqu’il ne ressent à notre égard qu’une affection fraternelle… Du jour où il tombe amoureux, notre égalité le blesse, le gêne ainsi qu’une anomalie : il éprouve l’illusion choquante d’être épris d’un de ses semblables. Nos efforts intellectuels lui paraissent ridicules ou superflus. Il tente de nous ramener à notre devoir habituel : celui de créer des enfants qui ne soient point conçus exclusivement par notre cerveau… Et Francine a raison de deviner cela, sous l’admiration feinte de ses