Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/59

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— Alors… pourquoi cherchez-vous à l’attirer ?

— Parce que… fit rêveusement la jeune femme.

La vieille fille la considérait gravement, de ses yeux candides, ses yeux exercés à comprendre le sentiment des couleurs et l’expression des lignes, mais inhabiles à percevoir les sensations intérieures que reflète un instant notre masque.

Soudain, Francine s’anima, ricanant d’une voix mordante :

— Décidément, la palette vaut mieux que la plume… Votre existence contemplative de peintre vous a formé un esprit calme, naïf, sincère, si reposant !… Alors que la littérature est une espèce de gangrène géniale, une corruption progressive de toutes nos facultés… Votre âme est enluminée comme une image de missel : la mienne a l’air d’une tache d’encre.

Clarel scrutait l’honnête visage étonné de Thérèse Robert ; tout à coup, par un revirement imprévu, la figure de Francine s’adoucit,