Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/67

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— Je n’ai rien.

Détaillant Jacques des pieds à la tête, d’un regard malveillant, Maxime pensa : « Ce que j’ai ?… Je suis jaloux de toi, tout simplement. Il y a quinze jours que je te fuis, parce qu’il m’est insupportable de voir tes yeux qui l’ont convoitée, tes mains qui l’ont caressée, tes lèvres qu’elle a baisées… et que ta présence m’est devenue un supplice physique qui hérisse ma chair de répulsion. Il me semble odieux que tu aies mérité la femme que j’aime, et j’ai l’injustice de t’en vouloir malgré moi. »

Au coin de la rue Laffitte, Fargeau, d’un geste impérieux, arrêta une auto, congédia brièvement Lorderie : « Je te demande pardon ; un rendez-vous oublié. » Et il ordonna d’une voix joyeuse :

— Rue de Courcelles…

Jacques tressaillit en l’entendant crier cette adresse. Rêveur, il regarda la voiture s’éloigner, puis murmura :

— Tiens, tiens… On dirait que ça se gâte… C’est qu’elle est rouée, la mâtine !