Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je parie que vous me traitez tout bas d’importun.

— Non… D’abord, devant les importuns, je pense toujours à voix haute : c’est la meilleure façon de les chasser. Ensuite, je n’admets pas les relations superficielles. Quand je me trouve en face d’un nouveau visage, son aspect m’ennuie ou m’attire. Dans le premier cas, j’écarte le fâcheux inutile ; mais, si sa personne m’est agréable, je lui marque une camaraderie spontanée. Je ne comprends guère le mot « indifférent » accolé au nom d’ami. Ceux qui franchissent cette porte sont tous mes familiers : conduisez-vous donc en intime. Si vous vous présentiez ici, cérémonieusement, ma bonne vous prendrait pour un fournisseur !

Maxime interrogea — avec une espèce de fatuité timide où la certitude de plaire était atténuée par la réserve craintive qui traduit l’amour véritable :

— Alors, je ne vous suis pas antipathique ?

Francine l’enveloppa d’un regard lent, scrutant ce beau visage d’idéal amant. Elle finit par répondre :