Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/73

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— Je m’intéresse à votre sort futur.

Prononcée froidement, cette phrase était ambiguë. Maxime n’en chercha point le sens, imbu de la suffisance inconsciente qu’il tirait de sa séduction, aussi bien que de son métier.

Car Maxime et Francine, en dépit de leur simplicité apparente, éprouvaient l’un comme l’autre cet orgueil de soi auquel nul écrivain n’échappe.

Au travail, — lorsqu’il fouaille sa cervelle débile et cingle son esprit rebelle, pleurant la beauté entrevue pourchassée en vain, invectivant contre la médiocrité atteinte à sa place ; durant les veilles exténuantes, les heures morbides où le doute et la migraine le torturent de leurs douleurs lancinantes, où sa tête lui semble une noix vide, à moins qu’envahi d’hallucinations, il ne se croie un forcené que guette la folie ; quand il mendie une inspiration factice au tabac qui l’excite, au breuvage qui l’enivre, — l’écrivain est une pauvre chose humble, écrasé sous le poids de son impuissance ou de son génie.

Mais, à la parade — le jour où la renommée