Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/77

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paludéenne, avec ses accès, ses intermittences et ses frénésies… À peine entrée en convalescence, je perds la mémoire… Le jour où mon mal recommence, j’ai toujours oublié la crise précédente. Sont-elles si rares, les maîtresses inconstantes qui frôlent leur conquérant de la veille, ainsi qu’un étranger parmi les passants inconnus ? L’amant sans l’amour est un roi sans couronne ; il retourne se perdre dans la foule anonyme… Ai-je aimé, avant de rencontrer Jacques ? Très sincèrement, je n’en sais plus rien : songez donc… à deux saisons de distance !… Me souviendrai-je de Jacques, dans l’avenir ?… Peu probable. Le portrait de mon amoureux est tracé à l’encre sympathique : éloignez-le de la belle flamme et les traits s’effaceront graduellement… Ainsi l’album de mon passé ne renferme que des pages blanches.

Le visage de Maxime — pendant cette cynique confession de Clarel — avait reflété des impressions contraires. Lorsqu’elle eut fini, il exprima une satisfaction singulière. Dans un élan, Fargeau s’écria :

— Ah ! je suis content !… Vous l’oublierez