Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/79

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busée ironique dont l’humeur tourne en humour… Et je souris de vous voir si gentiment mépriser tout ce qui vous entoure. Ô Francine !… je saurai bien vous rendre mon souvenir tenace, moi… parce que je vous aime mieux, parce que je vaux plus que lui, parce…

— Parce que vous êtes don Juan, monsieur l’irrésistible !

Fargeau s’arrêta net, glacé par cette voix railleuse. Francine continuait :

— Ne protestez pas… Vous êtes l’orgueil même. Vous ne me priez pas : vous me choisissez. Séduisant, brillant, charmeur, fort de votre libertinage et de vos triomphes, vous n’admettez point l’hypothèse d’un refus. Vous avez si habilement répandu le bruit de ces victoires : désormais, éblouies par votre prestige, toutes les brebis de Panurge aspirent à l’honneur de se faire tondre ! Je regrette de vous décevoir, cher monsieur, mais je ne suis pas de la race des brebis, moi : je vous ressemblerais plutôt… votre jactance n’est rien, auprès de ma fierté ! Or, apprenez ceci : je ne trompe jamais mon amant avant la rupture… J’aime