Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/84

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Il parcourait des lettres ineptes ou incohérentes : épîtres de bas-bleus sollicitant un bon article sur leur mauvais roman ; confidences hystériques d’inconnues, persuadées que vous vous servirez de leur « cas » pour écrire un livre ; nouvelles manuscrites envoyées par quelque lycéen dont la naïve outrecuidance trouve naturel d’accaparer à son profit le temps de travail d’un écrivain ; bref, cette correspondance saugrenue adressée à tout homme de lettres qui signe hebdomadairement la chronique d’un quotidien, comme si ses lecteurs — en échange de l’esprit qu’il dépense à l’intention de la généralité — jugeaient nécessaire de lui retourner des échantillons de leurs sottises particulières.

Soudain, Maxime s’exclama :

— Ah ! par exemple… C’est trop fort !

Son indifférence venait d’être secouée à la vue d’une enveloppe bleuâtre où son nom était griffonné en une cursive familière ; il la déchira rageusement, et découvrit un second pli adressé à Jacques Lorderie. Il marmotta :

— Mais c’est l’écriture d’Annie !… Eh bien !