Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/87

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jets de viol allumaient ses yeux… Enfin, il accumulait mille raisons de l’aimer, alors qu’une seule eût suffi.

Et voici que cette petite peste d’Annie le défiait de son côté : il perdrait son pari, il était trompé avant Lorderie… Après tout, était-ce prouvé ? Cette lettre ne signifiait rien de catégorique… ce n’était qu’un indice, une supposition… Il fallait s’assurer du fait. Maxime enfouit l’enveloppe bleue au fond de sa poche et quitta le journal. Il était six heures du soir. Fargeau, presque certain de trouver Lorderie dans un café des boulevards, remonta rapidement la rue froide et boueuse et déboucha place de l’Opéra. Il frissonnait, transi par l’âcre bise de janvier ; — trop triste pour n’être pas frileux. Car, nos crises de marasme nous rendent plus accessibles aux intempéries.

L’atmosphère surchauffée du café bruyant réconforta Maxime, et la présence des quelques confrères devant qui l’on doit plastronner le redressa tout à fait, le port arrogant, l’œil souriant.

Au fond de la salle lumineuse, Jacques Lor-