Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/99

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joujou trop perfectionné… Puis, un jour, nous nous trouvâmes en concurrence : l’éditeur Mallet nous publia deux romans, à une semaine d’intervalle : celui de Lorderie se vendit à peine, le mien tint l’étalage et fit plusieurs éditions… C’était la fêlure. Lorderie parla de ma « chance » en termes acidulés. Oh ! Les unions d’écrivains ! Accouplez une chatte avec un bull-dog et, l’instinct assouvi, vous les verrez s’entre-déchirer… Néanmoins, je ne l’aurais jamais cru capable de céder sa maîtresse à un ami, tel un bibelot qui a cessé de plaire : « J’ai assez de cette petite statuette de Gérôme : veux-tu me l’échanger contre un de tes Clodion ? » Et l’ami accepte… Ah ! Vous êtes réussis, tous les deux.

Clarel venait d’agir avec maladresse : elle avait prononcé un discours beaucoup trop long qui laissait à Fargeau le temps de rassembler ses idées. Il reconstituait l’aventure, comprenant pourquoi, le premier jour, Francine lui était apparue, pâle et glacée, avec des yeux durs, au regard sombre… alors que, par la suite, il l’avait retrouvée gaie, souriante,