Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/15

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nard est une de celles qui accolent au nom de leur propriétaire une renommée de Plutus. Enrichi par l’héritage de son père, gros industriel, par les raffineries que lui apporta la dot de sa femme, il s’est lancé, à la suite de Colin, dans des affaires fantastiques qui décuplent ses capitaux. À la place de Bernard, je me méfierais de ces opérations financières : je n’aime guère Landry Colin, ce forban au visage rougeaud : il cite son honnêteté à tout propos, et raconte sa vie à propos de tout ; se prétend ancien ouvrier, mineur, pionnier, que sais-je ! À considérer ses pouces en spatule, on se demande si ses coups de pioche n’ont jamais enfoui de cadavres… Aujourd’hui, c’est un banquier somptueux qui fréquente les hommes de Bourse et les milieux politiques — le jour ; les femmes de bourses et les milieux péripatétiques — la nuit…

» D’autres familiers de Nicole ? Ma foi, à part Nadine Ziska, la danseuse polonaise, la maîtresse de Colin, ma pensionnaire au New-music-hall, je ne vois personne… Si elle se montre accueillante aux foules d’un soir, notre blonde hôtesse est peu liante quant à ses amitiés particulières. Elle passe même pour fidèle : en cinq ans, Paris