Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/20

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Il n’a pas la voix de sa moustache blanche. Et nous échangeons des bouts de phrases banales, interrompus soudain par un tapage de cris, de rires, d’applaudissements. C’est Nadine Ziska, la petite ballerine, un peu ivre, un peu folle, qui improvise, sur les motifs que joue l’orchestre tzigane, une danse merveilleusement savante et troublante. Brune, fluette, menue, d’une maigreur musclée et d’une invraisemblable souplesse, Nadine tord, étire, renverse, avec d’aguichants efforts de reins, son échine flexible et voluptueuse de jeune chatte. Un large cercle s’est formé autour d’elle : elle danse au centre de la grande salle illuminée.

Sa robe de bal allonge une traîne interminable et gênante. Alors, peu à peu, grisée de rythme et de mouvement, pour mieux remuer, Nadine relève la queue démesurée de sa jupe, soulève celle-ci jusqu’aux genoux, découvre des dessous frétillants sur deux mollets fermes, nerveux, gaînés de soie violette. Et c’est très amusant de voir cette petite danseuse classique au talent impeccable, à la technique irréprochable, évoquer à cet instant les chahuteuses montmartroises qui s’ébattent au sous-sol du bal Paillasse. À demi-nue sur la scène de Fréminet ou