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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/27

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grâce à un pari que Landry Colin me gagne à cet instant.

— Me voici de plus en plus intriguée ? Expliquez-vous…

L’ex-ministre, malicieux, raconte, de sa voix claire :

— Je déjeunais ce matin chez mon vieil ami. Landry m’emmena prendre le café dans son fumoir. Tout à coup, j’aperçus, accroché au mur, le plus délicieux portrait de femme qu’on pût imaginer… De grands yeux bleus, d’un bleu d’eau profonde, d’un bleu de ciel d’été ; une mousse de cheveux blonds, auréolant l’ovale précieux du visage ; et une petite bouche sensuelle, charnue, qu’on eût voulu mordre, comme un fruit rouge… Je lus le nom du peintre, et je m’écriai : « Ce Watelet, quel flatteur, quel poète ! Comme il idéalise tout ce qu’il touche : il se sert de son pinceau ainsi que d’une baguette de fée !… — Tu te trompes, me répliqua Landry, je connais le modèle qui posa ceci, et je t’affirme que sa figure est infiniment plus séduisante. — Allons donc ! — Veux-tu parier cinquante louis que tu la trouves encore mieux que son portrait : je t’emmène souper cette nuit chez elle… — Entendu. » Et