Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je réplique d’une voix insinuante, épiant Landry du coin de l’œil :

— Décidément, je ne comprends pas en quoi vos confidences me concernent, vieil ami : et elles m’ennuient, puisque je ne pourrai point les répéter. Si nous changions de conversation ?… Pour parler d’autre chose, à quel propos a-t-on transporté chez vous le portrait que j’avais commandé au peintre Watelet ?

Le banquier sursaute, rougit ; nos regards se croisent ; il éclate de rire, et s’exclame :

— Ah ! la roublarde… On ne lui cache rien… Eh oui, là ! C’est à vous que j’ai songé, dès que j’eus prévu que Léon Brochard me lâcherait au premier tournant… Cet homme, qui tient du tigre, de l’anguille, de l’aigle et du singe, il n’y a qu’une femme qui puisse le saisir, le garder, et une femme comme vous, astucieuse Nicole !

» J’ai imaginé le coup du portrait : il était naïf ; mais, avec un paillard tel que Brochard, il devait réussir, et attirer son attention sur vous… Léon regarde toutes les jolies filles, même en peinture. Watelet, cherchant à vous embellir, est parvenu à vous rendre telle que vous êtes ; c’est déjà superbe. Quand la beauté