sa longue moustache me chatouille l’oreille… Je me dégage, d’un saut de couleuvre, et ma main bourrue l’écarte d’une tape :
— Ah ! çà… Vous êtes fou !
Je veux prendre un ton courroucé… Non, après tout, tu l’as mérité, ce baiser, Nicole perverse, et j’éclate de rire.
La gauche attitude avec laquelle Julien subit ma gaieté ! Comme il eût préféré un tragique : « Je vous hais ; sortez ! » à ce rire intempestif ! Il gardera plus longtemps rancune à cette Nicole qui le fait rougir qu’à une Nicole qui l’eût fait souffrir : la mémoire du cœur est plus accommodante que celle de la vanité.
Comment va-t-il s’en tirer, à présent ? Il relève la tête, me regarde ardemment, et murmure d’une voix sombrée :
— Excusez-moi… Je vous aime tant !
Oh ! que l’expédient est faible et la défense piteuse… Je riposte sur un ton mordant :
— Non, c’est un peu prématuré, jeune homme. Vous êtes encore novice. Il aurait fallu ménager cet effet pour la troisième entrevue : un séducteur exercé ne se déclare jamais plus tôt.
Julien dit vivement :