Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/70

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je suis débordé… J’ai à recevoir un tas de gens embêtants, des députés d’une commission d’enquête… Je suis en affaires…

Comment ! Le loup refuse de me manger ? Ses crocs, alors, c’est un râtelier ? Me voici toute dépitée de cette réception : lui suis-je donc indifférente, à ce haut personnage ? Je réplique, mordante, acerbe :

— Oui, vous, vous êtes l’homme pratique qui, obligé de choisir entre une jolie femme et un rendez-vous urgent, lâche toujours la femme pour traiter l’affaire ? Permettez-moi de vous féliciter de votre sang-froid.

J’ai dû frapper juste, car Brochard paraît offensé. Il s’écrie avec une vivacité piquée :

— Par exemple ! Vous allez voir ça… Non, ce serait trop bête de laisser échapper cette chance ! Nous déjeunons ensemble… Attendez-moi ici… Je ne vous demande que cinq minutes pour expédier mes bonshommes.

Et l’ex-ministre sort en coup de vent. Derrière lui, je pouffe de rire, ils vont être aimablement renvoyés, ces messieurs de la commission d’enquête… Léon Brochard passera sur eux la mauvaise humeur que lui cause mon arrivée inopinée. Car, je l’ai senti presque irrité, Léon,