Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/10

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vait de fâcheuses tentations : Armand Lestrange étant un de ces époux exaspérants qui décourageraient la fidélité d’une Lucrèce.

Égoïste, fat et maussade, il réservait pour le monde ses amabilités de bellâtre. Dans l’intimité, il se révélait exigeant, d’humeur acariâtre, mécontent de tout, s’emportant pour rien, étalant son encombrante personnalité d’individu personnel ; et sa femme, qui le supportait passivement par dédain des vaines disputes, se soulageait en murmurant in petto avec une rancune d’esclave contre ce maître horripilant :

— Dieu !… Que j’aimerais à tromper mon mari !

Elle avait patienté dix ans avant de souhaiter la revanche d’un adultère. Les souvenirs de ce mariage décevant hantaient sa mémoire, lancinants comme une migraine.

Grande, blonde, bien faite, avec un visage clair, des yeux bleus au regard doux, Simone de Francilly incarnait à dix-huit ans ce type