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Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/142

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juvéniles contrastaient étrangement avec ses regards pénétrants et sa parole hardie. Ses paupières blanches et lisses avaient une pureté toute virginale qui démentait la vivacité spirituelle de ses grands yeux renseignés. Son sourire railleur ne parvenait pas à vieillir ses joues à fossettes où persistait le duvet de l’enfance.

Mlle Camille de Francilly, qui se connaissait bien, reprit :

— Voici mon idée, maman. Tu as fait de moi une créature si originale que je pourrais passer pour tout ce que je ne suis pas, sauf à paraître ce que je suis. Quand j’aurai vingt ans, je pourrai me faire prendre pour n’importe quelle sorte de femme, excepté pour une jeune fille. Profitons-en. Si l’on ignorait ma véritable personnalité, je ne serais plus la cible des ambitions intéressées. Pourquoi ne me déguiserai-je pas pour chercher mon bonheur ? En te consacrant à mon éducation, tu t’es retirée du monde : le monde nous ou-