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Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/61

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daliser la galerie qui nous croit ensemble.

La jeune femme subissait cette gaieté contagieuse, chatouillée par ces gamineries primesautières, cet aplomb enjoué que Romain avait conquis à l’usage de ces rencontres. Elle observait d’un œil investigateur le jeune homme, assis en face d’elle, et le trouvait gentil : effronté sans insolence, entreprenant sans grossièreté ; joli garçon, au demeurant, ayant dans ses façons ce je ne sais quoi décelant l’homme de bonne compagnie.

À la Concorde, lorsqu’elle changea de ligne, elle ne s’offusqua point en le voyant prendre la même direction. Il lui plaisait, avec sa moustache blonde qui frisait au-dessus de la lèvre bien dessinée et ses yeux de chat aux lueurs glauques, à la pupille dilatée. Il s’exprimait en termes choisis, employait un langage tout à la fois correct et familier ; et sa prononciation, relevée d’une pointe d’accent provençal, indiquait une distinction native.

L’homme parvient à se déguiser grâce à