Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/112

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le coup… Quelle belle partie : ces frères Salmon, dont le nom seul fait trembler leur personnel, se doutent-ils qu’un habile metteur en scène les amène tout doucement à épouser les filles inconnues de leur infime caissier ? » Son orgueil s’exaltait à cette pensée. Le cruel désir de jouer l’un de ces hommes haïs — elle, la fille pauvre, la fiancée trompée, — lui suggérait sa conduite.

Elle était de ces coquettes subtiles qui ont l’art d’attirer les regards sans en avoir l’air. Seraient-elles confondues au milieu de vingt femmes plus jolies et plus brillantes, que ces fines mouches sauraient quand même se faire remarquer par celui qu’elles visent comme si elles possédaient quelque aimant mystérieux.

Au bout de cinq minutes, le visiteur parut troublé par le charme discret de la jeune fille. Il engagea timidement la conversation ; se plaignit des temps difficiles préjudiciables aux commerces de luxe ; se raconta : d’abord employé chez Vaillant et Flammarion, il avait pu s’installer récemment à son compte ; et M. d’Arlaud avait eu la bienveillance de lui conserver sa clientèle.