Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/114

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commença de disserter sur les tristesses d’une vie solitaire.

« Le petit couplet sur l’âme sœur va venir », pensa Denise ; et elle se laissa prendre les mains.

Mais la portière du cabinet s’écartait : Marcel d’Arlaud rentrait, jetait ses gants et son chapeau sur la table ; et considérait d’un air surpris la scène qu’il avait sous les yeux. Il dit sèchement :

— Bonjour, Planchin. Vous venez pour votre facture ?

Paya et congédia le relieur ; puis, lorsqu’ils furent seuls, demanda à Denise :

— Ah ! ça… Qu’est-ce qui vous prend ?

La jeune fille, interdite, balbutia :

— Mais, monsieur, ce n’était donc pas… lui ?

Comprenant soudain, Marcel éclata d’un rire inextinguible ; il cherchait vainement à recouvrer son sang-froid ; chaque fois que ses yeux se posaient sur le visage penaud et mortifié de la jeune dactylographe, il s’esclaffait malgré lui. À la fin, il s’écria :

— Non, ce n’était pas lui, petite malheureuse !… Vous preniez ce garçon pour Abel déguisé ?

— Dame… Il est très laid.