Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

espérances pécuniaires, elle se désolait maintenant à la pensée que Denise allait souffrir.

Essuyant ses yeux, elle expliqua au banquier :

— Monsieur, ma sœur Denise ne ressemble pas du tout à Gilberte, ni physiquement, ni moralement. C’est une fille décidée, stricte, énergique et laborieuse, qui a toujours eu de l’ambition — mais non pas cette fausse ambition qui consiste à rêver d’une existence dorée… Capable de se suffire à elle-même, Denise n’a jamais tenu à l’argent ; mais elle souhaitait ardemment réussir dans la vie par son effort personnel. Tandis que Marcel d’Arlaud lançait Gilberte au théâtre afin de la mettre en vue, à votre intention, Denise occupait chez lui les fonctions de dactylographe. Un jour, votre frère Abel, qui déjeunait chez d’Arlaud, remarqua ma sœur et conçut la fantaisie de flirter avec elle sous un nom d’emprunt afin de lui laisser ignorer sa haute position. Je vous confierai tout de suite, monsieur, que, le soir-même, ma sœur fut mise au courant de la vérité par monsieur d’Arlaud qui l’engagea en riant à se prêter à cette comédie. Denise commença donc par tromper votre frère