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Page:Marais - Trio d amour.pdf/234

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avoir communiqué magnétiquement sa fièvre d’impatience au chauffeur dont la tête volontaire, tendue en avant, exprimait cette seule idée : arriver au but, vite… Et la machine trépidante, roulant, virant, s’engouffrant en trombe dans les chemins de traverse, donnait l’illusion d’être pareillement actionnée par la force de volonté qui émanait de Cécile ; filant comme un éclair qui raserait le sol, toujours plus vite, avec la sûreté téméraire d’une bête mécanique asservie à une folie féminine.

La jeune femme se laissait étourdir par la vitesse de cette course accélérée qui l’emportait sur la route d’Orléans. Elle cessait de penser, s’abandonnant avec délice à cet anéantissement passager, perdant conscience de la réalité ; elle avait la sensation d’être identifiée à cette chose roulante et de sombrer dans un vertige indéfini…

Ils entrèrent dans Bourges au milieu de l’après-midi. L’auto, grise de poussière, stoppa devant la maison du client de Robert.

L’avocat obéissait à un principe de prudence dangereuse : il invoquait toujours un alibi à moi-