Enfin, quoi qu’il en soit, le rapport de Desèze ne nous semble pas avoir été l’œuvre d’une opinion faite pour rejeter un discours, mais une opinion établie depuis longtemps. Que peut-on reprocher à Marat dans son éloge de Montesquieu ? d’être languissant ? Est-ce parce qu’il analyse trop longuement les œuvres de celui dont il fait l’éloge ? Il répond lui-même à cette objection[1] : « Je n’ignore point qu’en retranchant d’un éloge ces longues analyses, il ne gagne en énergie et rapidité : mais sans ces analyses comment faire connoître les ouvrages d’un auteur ?… On doit même les regarder comme la vraie pierre de touche : combien d’ouvrages préconisés s’évanouissent à cette épreuve ! »
Nous n’avons point cependant l’intention de faire une analyse de l’œuvre de Marat ; c’est en le lisant qu’on peut l’apprécier ; quant à nous, nous restons de l’avis de M. Brives-Cazes[2] : « Le rapprochement est curieux, et il est particulièrement intéressant de lire les appréciations de Marat sur l’Esprit des Lois. »
Lorsque l’Académie, en 1782, eut mis au concours l’Éloge de Montesquieu, de nombreux admira-